Queen Christina - Rouben Mamoulian - 1933

Quand la petite histoire rencontre la grande

Née le 18 décembre 1626, le roi de suéde, Kristina Augusta, se révéla être une fille quelques minutes après sa naissance : poilue et recouverte d'un placenta maternel qui ne s'était pas déchiré, on avait cru à la masculinité.
Néanmoins, cette "chemise de la victoire", était interprété comme un signe qu'une bonne étoile veillait sur Kristina. Apprenant cela son père s'extasia : " elle nous a bien eue, ce sera un grand esprit !"

Kristina Augusta
Eduqué comme un garçon, son père s'assure, avant de partir en guerre, qu'elle puisse reprendre le trone en cas de problèmes. Heureusement, car il y mourut, et Kristina prit le titre de roi (et non de reine !) à l'âge de six ans. Travailleuse, elle apprit le latin, le français, l'italien, le maniement de l'épée, et l'équitation. Vraie Jeanne D'arc de Suède, elle s'habillait en homme, envoyait ses troupes à la guerre, mais savait aussi faire la paix. Respectée par son peuple et son entourage, elle ne failli pas à son devoir.
Kristina Augusta

Lettrée, elle correspondait avec Descartes, qu'elle invita a passer un été à Stockholm. Polisson, le philosophe ne vint que le 4 octobre 1649, à l'aube de l'hiver. Le 11 février suivant, à la suite d'une pneumonie due au froid qui envahissait le château, Descartes meurt à Stockholm, au grand désespoir de Katerina.
Pousée à l'abdication pour pouvoir librement exercer sa foi de chrétienne convertie, elle laisse le trône à son cousin et s'en va faire un tour d'europe, grâce à un grand emprunt et avec une suite de 250 chevaux et servants.
Telle est la base historique de ce merveilleux film que nous propose Rouben Mamoulian, et Greta Garbo, interprêtant Katerina.
Greta Garbo
Greta Garbo est la lumière du film. Elle tient de bout en bout avec une superbe magnifique le rôle d'une femme qui reste digne et ferme en face des devoirs qui lui sont de plus en plus pénibles à assumer. L'intelligence d'esprit, la droiture et l'honnêteté intellectuelle resplendissent dans les gestes, l'attitude, l'énergie de l'actrice. Elle est ébourrifante de justesse, de conviction et de splendeur.
Magnifiquement encadré par une mise en scène épurée, qui représente à échelle humaine les coulisses du pouvoir d'un grand royaume, les sentiments se retrouvent à leur place, dans la simplicité de notre quotidien. Tout est fait pour qu'on s'associe, qu'on s'y retrouve, que l'on oublie le contexte et que resplendissent les messages, les mots, les signifiés, au delà du film, d'Hollywood, du factice. Mamouliant nous parle directement, ne place pas la scéne dans un chateau trop grand pour être possible : c'est juste un peu mieux que chez nous, mais ça pourrait nous arriver, pourquoi pas, d'être un soir dans une chambre grande comme notre salon !
La convergence de l'architecture, du texte et des sentiments de kristina ("qu'il est bon d'être aimé pour être une femme et non plus une reine!") donne la puissance au film: être intimiste sur un sujet intimiste, et par là permettre au spectateur de se projeter dans un imaginaire accessible.

Rouben Mamoulian
Rouben Mamoulian arrive à rendre palpable et accessible ce qui aurait pu être un compte de fée parmis d'autres. Les difficultés rencontrées et l'abdication de l'héroïne nous indique aussi que rien n'est facile, qu'il faut du courage et de la volonté pour conquérir une liberté incertaine.

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