L'italie s'autopsie [ Il Divo ]


Il Divo nous pose problème, à nous, simple spectateurs français : d'un côté le film est magnifiquement tourné, tout en couleurs flamboyantes, musique classique/pop dissonantes, effets spéciaux en ralentis, dialogues pince-sans-rire, décors façon empire, et rythme soutenu... On pense au Parrain, à Marie Antoinette, Matrix, Dune, Citizen Kane, Dobermann...

Mais... d'un autre côté l'histoire nous est complétement impénétrable sans avoir suivi la vie politique italienne depuis les années 70...

Alors, oui, on accepte de combler les trous de notre ignorance par un peu d'imagination, et on apprécie le spectacle :)

Les contrastes sont là des les premières scènes pour nous faire savoir que le double jeu est partout chez soi dans cette italie politique : le gris de Giulio Andreotti le suis dans la nuit de meurtres qu'il se doit d'organiser, mais peut se transformer en une superbe explosion de feu lorsque le cadavre est coincé dans les taules de sa propre voiture. Le contraste est frappant entre le faste lumineux que propose le ciel italien et la noirceur des actes du pouvoir, comme si l'italie avait le don de transformer ses ressources naturelles en puante débauche.

La musique aussi propose se double visage, avec la belle musique classique de la représentation et de la culture qui s'accorde bien avec les lieux antiques du pouvoir de Rome. Et la musique moderne qui s'introduit de temps en temps, rampante, comme preuve sonore de la simultanéité des genres : ceux qui tuent en dehors sont les même que ceux qui écoutent Mozart sous les ors de la républiques. Seul la musique peut le dire aux oreilles de tous, les hommes, eux, doivent se taire.

Le temps aussi donne le temps à la politique pour se mettre en place : l'arrivée au ralenti des chefs mafieux renvoie à l'installation sure mais lente de ces chefs qui semblent désormais indéracinables du paysage italien. Le temps aussi, d'un film de deux heures, qui installe suffisamment ses personnages pour nous les faire ressentir pleinement.

Toni Servillo est impeccable dans le rôle du politique-politicien, incarnation vivante du pouvoir qui-n'en-n'a-pas-l'air, dur et détaché de tout mais à qui sa femme raccroche au nez sans complexes.
Cet être à double jeu qui ne se dénoncera à la fin que devant un public imaginaire, car il lui est impossible de dénoncer le système et ce, "pour le bien de la nation". Impossible de se dénoncer à lui même tellement il croit-en, et aime-ce qu'il fait.

C'est une Italie qui se perd dans les méandres de sa politique boueuses que nous propose de rencontrer Paoloa Sorrentino. On aimerait bien le suivre et s'enthousiasmer de son explication, mais malheureusement il reste inaccessible et ne nous donne pas le temps de saisir les subtilités de son discours (fort bien construit au demeurant).


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